La qualité du chargement et de l’arrimage des marchandises contribue à assurer la sécurité lors du transport routier mais également à garantir le bon état des marchandises à la livraison.
Or et selon la littérature disponible, jusqu’à 25% des accidents impliquant des poids lourds peuvent être attribués (cause principale ou facteur aggravant) à un mauvais arrimage du chargement.
Dans les pays où l’arrimage est suivi par les forces de l’ordre, tels que l’Allemagne, certains chiffres interpellent.
Ainsi, 70 % des marchandises chargées sur un véhicule routier ne seraient pas ou mal sécurisées. De plus, 10 % des marchandises transportées par route seraient endommagées du fait d’un arrimage défaillant.
Les directive, normes et lois applicables
Pour faire face à ces problématiques, la directive européenne 2014/47 établie en 2014 introduit les grands principes de l’arrimage.
Ainsi, cette directive fait référence à une série de 11 normes dont les 4 principales sont listées ci-dessous :
- EN 12195-1 calcul des tensions d’arrimage
- EN 12642 résistance de la structure de la carrosserie du véhicule
- EN 12195-2 sangles en fibres synthétiques
- EN 12195-3 chaines d’amarrage
L’arrêté du 8 juin 2017, complété par l’arrêté du 12 juin 2017, transpose en droit français cette directive 2014/47.
Néanmoins, le contrôle de l’arrimage, détaillé dans l’annexe III de la directive, n’a pas été transposé en droit français. Ces exigences ne sont pas d’application obligatoire sur notre territoire lors de contrôle.
Le dernier rapport de la commission européenne (novembre 2020) a pointé du doigt ce manque d’harmonisation en ce qui concerne les contrôles de l’arrimage du chargement seulement appliqués par 20 états membres et dont les procédures ne sont pas obligatoires.
Un renforcement de ces dispositions a donc été recommandé pour la prochaine révision de la directive.
Principes généraux d’arrimage des charges en transport routier
La conception des dispositifs d’arrimage de charges repose sur 4 facteurs principaux :
- Les accélérations
- Les facteurs de frottement
- Les moyens de transport
- Les moyens d’arrimage
Ces facteurs sont présentés ci-après.
- Les accélérations
La norme EN 12195-1 a défini les accélérations (sollicitations extrêmes) auxquelles un chargement peut être exposé.
A partir de ces forces, on pourra déterminer la capacité d’arrimage nécessaire pour éviter le glissement des marchandises et des dommages aux marchandises.
- Le frottement :
Le coefficient de frottement exprimé μ indique le degré de glissement d’une charge. Plus le coefficient μ est élevé, plus grande sera la résistance contre le glissement.
Cas pratique : Freinage à 20 km/h avec 2 big bags de masse unitaire 1 tonne sans arrimage appliqué
Les principaux coefficients ont été établis par la norme EN12195-1.
Ces coefficients ne sont applicables que si le plancher a été balayé et qu’il est sec et exempt de toute trace de graisse. Un plancher humide limitera le coefficient de frottement.
Ainsi, on comprend aisément pour quelle raison l’application de tapis-antiglisse est préconisée. En effet son utilisation permet d’anéantir les accélérations latérales et arrière (0,5G) et se rapprocher de l’accélération vers l’avant (0,8G) pouvant être subis par les marchandises.
- La carrosserie (EN 12642)
La carrosserie des remorques joue en rôle important dans le blocage des marchandises.
Selon la norme EN 12642, les véhicules sont regroupés en 3 groupes, présentés ci-dessous, selon la résistance de leurs parois.
- Aucune codification :
Les parois du véhicule n’ont aucune résistance normative.
- Carrosserie standard (Code L)
- Carrosserie renforcée (Code XL)
- Les moyens d’arrimage
Après application des 3 premiers facteurs, il restera à déterminer les moyens d’arrimage à appliquer pour combattre la force d’inertie du chargement consécutive aux accélérations.
Il existe deux moyens d’arrimage principaux :
- Les sangles textiles (EN 12195-2)
- Les chaines d’amarrage (EN 12195-3)
Dans la majorité des cas, la force d’arrimage se fait au moyen de sangles textiles dotées de tendeurs appliquées sur le dessus de la charge. Il s’agit d’un arrimage dit « couvrant » ou « de frottement ».
A l’aide d’un tendeur, on dote la sangle via le crochet d’une force de prétention définie. Ces forces sont définies par la norme EN-12195-2 et renseignées sur les étiquettes des sangles et tendeurs.
Pour ce type d’arrimage contrairement à une idée reçue, la capacité d’arrimage (CMU) n’est pas à prendre en considération mais la STF (Standard Tension Force) correspondant à l’effort de tension normalisé appliqué par ladite sangle. A noter que cette valeur ne pourra dépasser celle du tendeur.
Présence ou non d’espace vacant (notion de charge solidaire)Afin de sécuriser parfaitement un chargement, il conviendra également de prendre en considération les points suivants :
- Le centre de gravité des charges (risque de basculement)
- La masse des marchandises par rapport à la charge utile de l’ensemble routier
- La réparation de la charge sur la remorque (notion de charge à l’essieu)
- La qualité des sangles ou chaine
- La méthode d’arrimage (arrimage couvrant, direct, boucle de tête, boucle latérale)
- L’angle d’arrimage appliqué
- La bonne protection des sangles ou chaine
- La résistance des points d’arrimage.
Grâce à l’ensemble de ces outils et normes, un arrimage adapté peut être appliqué aux marchandises pour leur transport routier. Cet arrimage permettra de limiter les accidents (souvent plus graves lorsqu’ils impliquent des poids lourds) et réduire les dommages aux marchandises.